Pierre Roustan en Côte-d’Ivoire

La vie au foyer SMA d’Ebimpe se déroule paisiblement, la jeunesse nous entraine, nous pousse vers l’avant ; en dehors des rencontres avec les étudiants, un petit cours de français, il y a toujours quelques travaux d’aménagement ou de réparation pour me distraire.

Ebimpe

Année de la foi et de la nouvelle évangélisation
Le service des communautés de base me prend pas mal, d’autant plus qu’en cette année de la foi et de la nouvelle évangélisation, plusieurs diocèses insistent sur la place et l’action de ces petites communautés ; au cours de ce trimestre, en dehors des rentrées pastorales des diocèse de Bouaké et de Yopougon, dans les premiers jours d’octobre, pratiquement tous les dimanches, je suis allé dans une ou l’autre paroisse des diocèses de Yopougon ou d’Abidjan avec présentation des CEB au cours des messes et souvent après la messe rencontre avec les responsables et animateurs. Le deuxième trimestre sera normalement moins occupé. Toujours quelques rencontres aussi avec les membres du groupe pour préparer les Cahiers des CEB et la rencontre annuelle de février ; il faut préparer mon départ ; en 2014, j’aurai 80 ans et presque 50 ans d’Afrique !

La situation du pays reste fragile. L’insécurité, même si elle a beaucoup diminué, n’est pas vraiment éradiquée : les coupeurs de route se manifestent encore assez souvent. Des maisons sont attaquées. Des gens armés – qu’on ne peut jamais identifier ( !) – s’en prennent même à des commissariats en pleine ville d’Abidjan. La liste des paroisses et des communautés visitées s’allonge ; souvent – et ce n’est pas fortuit – c’est la nuit après une fête avec quête spéciale. Il y a encore trop d’armes qui restent en circulation et beaucoup de misère! La misère touche vraiment les petits. Beaucoup de monde sont à la recherche d’un travail. Les blessés de la vie – qu’on avait aidés à Adjamé – arrivent à trouver le chemin d’Ebimpé, même s’il faut changer plusieurs fois de gbaka (le taxi communautaire).

Le pays semble repartir, des grands travaux sont entrepris et sont poursuivis (c’est un bon point !) On annonce la fin et l’inauguration de l’autoroute Abidjan – Yamoussoukro pour la mi-décembre, les travaux pour le 3ème pont d’Abidjan sont menés rondement ; et le pont pour Jacqueville est en bonne voie. Pour le 15 janvier, les travaux du grand hôpital national catholique, un rêve du président Houphouët-Boigny, construit sur le terrain de la basilique de Yamoussoukro devraient finir enfin pour la mi-janvier 2014.

Les signes positifs de reprise sont nombreux ; mais le pays n’est pas encore réconcilié ; beaucoup de rancœurs, tous les exilés ne sont pas revenus, la justice – une justice qui se veut indépendante – n’a pas encore vraiment joué son rôle.

Se réconcilier ou périr
Il y a quinze jours, Charles Konan Banny président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation, dans une rencontre à l’ancien Inades(les pères jésuites) a soutenu que «ce qui mène à la réconciliation sera long et que pour y arriver, il faudra beaucoup d’audace et de surpassement au peuple ivoirien ». Il a expliqué que « le pardon est nécessaire. Toutefois, le pardon des victimes doit être motivé par un repentir sincère des auteurs des violences des droits de l’Homme ». Il déclarait aussi: « La recherche de la vérité est arrivée. Le déni de ce qui s’est passé serait la plus grande injustice au peuple de Côte d’Ivoire » « Se réconcilier ou périr ? Nous n’avons pas le choix » a-t-il martelé. Tout le monde aspire à une vraie réconciliation, du moins l’affirme très fort, mais n’en prend pas le vrai chemin. Espérons que les nombreuses prières qui montent Dieu les y amèneront.

Le dimanche 8 décembre, anniversaire de la fondation de notre famille religieuse, nous avons fait la fête, à Ebimpe, avec quelques deux cents personnes, les amis des missions, les membres de l’amicale des missions africaines, une bonne délégation d’Abobodoumé et de St Michel d’Adjamé.

Pierre Roustan, sma

JOYEUX NOEL

BONNE et HEUREUSE ANNEE 2014