Le cardinal DANNEELS, alors qu’il était archevêque de Malines-Bruxelles, a dit que la crise vécue par l’Église, en particulier en ce qui con-cerne les vocations sacerdotales et religieuses, était peut-être un « coup » de l’Esprit Saint. En effet, il avait connu un temps où les prêtres, dans son diocèse, étaient nombreux. Il pouvait alors agir à la manière d’un dirigeant d’entreprise qui place ses employés à des postes où ils seraient efficaces et profitables pour le bien de l’ensemble. Il était alors satisfait de sa gestion et pensait que, si ça marchait bien, c’était grâce à lui.
Mais l’Église n’est pas une entreprise seulement humaine. La crise actuelle, rappelle le cardinal, nous a fait prendre conscience que tout ne dépendait pas de nous, que nous étions des ouvriers dans le champ du Seigneur, lui le vrai Maître du Royaume. Nous ne pouvons pas nous enorgueillir de la réussite de notre travail.
Cette prise de conscience est en même temps source d’espérance. En effet, au long de son histoire, l’Église a traversé d’autres épreuves tout aussi graves, sinon plus graves. Pourtant elle est toujours là et bien vivante au milieu du monde. Jésus ne nous a-t-il pas promis : « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde. » Là est notre certitude et notre confiance.
Ce que l’Église tout entière vit, nous le vivons au sein de notre communauté sma, Province de Lyon. Certains provinciaux, encore vivants, pourraient témoigner qu’ils avaient un « personnel » nombreux et jeune pour « organiser » la mission. Il y avait bien des problèmes, mais c’était une affaire qui marchait.
Aujourd’hui, nous ne sommes plus qu’un petit nombre et, pour la plupart, d’un âge avancé. Cela nous oblige à nous remettre davantage entre les mains de Dieu. Sans caricaturer trop, nous pouvons dire que nous avons été des hommes d’action et que nous devons devenir des hommes de contemplation.
Notre faiblesse apparente est une chance pour nous, car elle nous oblige à ouvrir de nouveaux chemins pour être de bons ouvriers dans le champ de Dieu. Voici quelques orientations déjà prises, mais que nous aurons sans doute à approfondir. Elles peuvent se résumer en un mot : collaboration.
Les sœurs nda (Notre Dame des Apôtres) étaient très proches de nous au début de nos fondations. Les liens se sont distendus par la suite. Aujourd’hui notre mission commune nous rapproche.
Les sœurs mcsc (Missionnaires Catéchistes du Sacré Cœur) ont été accompagnées, au moment de leur fondation par le père Chabert, sma. Le rapprochement est concrétisé par un travail commun aux Cartières.
La FLM (Fraternité Laïque Missionnaire), associée à la SMA, vit la mission, à travers ses membres, dans leurs milieux de travail et aussi à la maison d’accueil aux Cartières.
Chacun de ces groupes avait un membre observateur à notre dernière Assemblée provinciale. Qu’ils soient remerciés pour leur participation et leur apport au débat.
Mais notre collaboration s’étend bien au-delà de ces groupes constitués. Je pense à tous les amis, bénévoles dans nos maisons lors des journées d’amitié, à tous ceux qui nous soutiennent par leur prière et par leur aide matérielle. Qu’eux aussi soient remerciés.
Tous ensemble, nous essayons de former une famille, la « famille des Missions Africaines » qui s’est réunie pour l’université d’été 2015.
Une autre collaboration féconde est celle que nous avons avec les membres des Districts-en-formation. Elle nous rajeunit, pas seulement dans l’âge, mais aussi dans une nouvelle approche de la mission. Cela peut nous bousculer parfois, aller contre nos idées pour ne pas dire contre nos préjugés. Il est bon alors de nous rappeler comment nous nous sommes nous-mêmes comportés avec nos aînés. La confrontation n’est jamais facile, mais elle est fructueuse pour les deux partis dans la mesure où chacun est prêt à écouter l’autre et donc à s’enrichir.
Le Concile Vatican II nous recommandait de discerner les signes du temps. Notre faiblesse n’en ferait-elle pas partie ? Alors peut-être, forts de nos collaborations et forts surtout de la présence du Ressuscité parmi nous, c’est alors que nous pourrons dire comme Saint Paul : “Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.”
Père Gaby NOURY, sma