Messieurs les Cardinaux,
Monseigneur l’Archevêque et frères dans l’Episcopat,
Monsieur le Recteur de la cathédrale,
Chers frères et sœurs,
L’hymne antique, le Te Deum, que nous venons de chanter exprime notre louange au Dieu trois fois saint qui nous rassemble dans cette belle cathédrale Notre Dame de la Miséricorde. Nous rendons hommage avec reconnaissance aux anciens archevêques qui y reposent : Monseigneur Christophe Adimou et Monseigneur Isidore de Souza. Ils ont été de valeureux ouvriers dans la Vigne du Seigneur, et leur mémoire reste encore vivante dans le cœur des catholiques et de nombreux Béninois.
Ces deux Prélats étaient, chacun à sa manière, de pasteurs pleins de zèle et de charité. Ils se sont dépensés sans compter au service de l’Evangile et du peuple de Dieu, surtout des personnes les plus vulnérables. Vous savez tous que Monseigneur de Souza a été un ami de la vérité et qu’il a joué un rôle déterminant dans la transition démocratique de votre pays.
Alors que nous louons Dieu pour les merveilles dont il ne cesse de combler l’humanité, je vous invite à méditer un instant sur la miséricorde infinie. Cette cathédrale s’y prête providentiellement. L’histoire de salut, qui culmine dans l’Incarnation de Dieu. Dans le Fils est rendu visible le « Père des miséricordes » (2 Co 1,3), qui, toujours fidèle à sa paternité, « se penche sur chaque enfant prodigue, sur chaque misère humaine, et surtout sur chaque misère morale, sur le péché (Jean-Paul II, Dives in misericordia, n. 6).
La miséricorde divine ne consiste pas seulement en la rémission de nos péchés ; elle consiste aussi dans le fait que Dieu, notre Père, nous ramène, parfois non sans douleur ni affliction ni crainte de notre part, sur le chemin de la vérité et de la lumière, car il ne veut pas que nous nous perdions (cf. Mt 18, 14 ; Jn 3, 16). Cette double expression de la miséricorde divine montre combien Dieu est fidèle à l’alliance scellée avec chaque chrétien dans le baptême. En relisant l’histoire personnelle de chacun et celle de l’évangélisation de nos pays, nous pouvons dire à la suite du psalmiste : « Je chanterai sans fin les miséricordes du Seigneur » (Ps 89, [88], 2.)
La Vierge Marie a expérimenté au plus haut point le mystère de l’amour divin : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent » (Lc 1,50), s’exclame-t-elle dans son magnificat. Par son OUI à l’appel de Dieu, elle a contribué à la manifestation de l’amour divin parmi les hommes. En ce sens, elle est Mère de Miséricorde par anticipation à la mission de son Fils ; elle a reçu le privilège de pouvoir nous secourir toujours et partout. « Par son intercession répétée, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel. Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n’est pas achevé, ou qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la patrie bienheureuse » (Lumen gentium 62).
Sous l’abri de sa miséricorde, les cœurs meurtris guérissent, les pièges du Malin sont déjoués et les ennemis se réconcilient. En Marie, nous avons non seulement un modèle de perfection, mais aussi une aide pour réaliser la communion avec Dieu et avec nos frères et nos sœurs. Mère de miséricorde, elle est un guide sûr des disciples de son Fils qui veulent être au service de la justice, de la réconciliation et de la paix. Elle nous indique, avec simplicité et avec un cœur maternel, la seule Lumière et la seule Vérité : son Fils, le Christ Jésus qui conduit l’humanité vers sa pleine réalisation dans son Père. N’ayons pas peur d’invoquer avec confiance celle qui ne cesse de dispenser à ses enfants les grâces divines :
Ô Mère de Miséricorde,
Nous te saluons, Mère du Rédempteur ;
Nous te saluons, Vierge glorieuse ;
Nous te saluons, notre Reine !
Ô Reine de l’espérance,
Montre-nous le visage de ton divin Fils ;
Guide-nous sur le chemin de la sainteté ;
Guide-nous la joie de ceux qui savent dire Oui à Dieu !
Ô Reine de la paix,
Comble les plus nobles aspirations des jeunes d’Afrique ;
Comble les cœurs assoiffés de justice, de paix et de réconciliation ;
Comble les espoirs des enfants victimes de la faim et de la guerre !
Ô Reine de la justice,
Obtiens-nous l’amour filial et fraternel ;
Obtiens-nous d’être amis des pauvres et des petits ;
Obtiens pour les peuples de la terre l’esprit de fraternité !
Ô Notre Dame d’Afrique,
Obtiens de ton divin Fils la guérison pour les malades, la consolation pour les affligés,
le pardon pour les pécheurs ;
Intercède pour l’Afrique auprès de ton divin Fils ;
et obtiens pour toute l’humanité le salut et la paix ! Amen.