jubilaires 2018

Fête des jubilaires du mois de juin

Le 1er juin 2018 a eu lieu la fête des jubilaires à Montferrier.

Dès le lever matinal, nous avons le cœur en joie, heureux de fêter les Jubilaires ; occasion pour chacune et chacun d’entre nous de se remémorer les beaux jours de nos vœux solennels ou de notre ordination. C’est aussi rendre grâce pour tout ce que le Seigneur a fait à travers nos vies.

Cette année, notre maison s’honore d’avoir huit jubilaires.
Au palmarès des 70 ans : sœur Benoit et sœur Thérèse Augustin,
Suivent les 60 ans : Les Pères François Fénéon, André Guéret, George Laborde-Barbanègre et Pierre Legendre.
Les 50 ans font figure de tout jeunes : Les Pères Joseph Morandeau et Gabriel Noury.

Quelques parents et amis des jubilaires sont présents, les béninois se remarquent aisément.

La célébration est présidée par Monseigneur Michel Cartatéguy

Faisant référence aux lectures du jour : (1P 4, 7-13 et Mc 11, 11-25) Michel  rappelle, dans son introduction, que les jubilaires ne sont , ni le figuier desséché que Jésus fustige ni ceux qui ont dit à la montagne : « Retire-toi et va te planter dans la mer. » Ils se situent entre ces deux extrêmes. Ils ont reçu le don de l’engagement religieux ou celui du sacerdoce pour le mettre au service de ceux et celles qui leur sont confiés, comme saint Pierre Apôtre le souligne : « Vous serez ainsi de bons administrateurs des dons multiples de Dieu. »

L’homélie a été prononcée par le Père provincial : François du Penhoat

L’évangile d’aujourd’hui se situe juste avant la passion. Il nous parle de deux actions symboliques de Jésus : la malédiction du figuier, symbole d’Israël qui refuse de donner du fruit et l’expulsion des marchands du Temple où Jésus se présente comme le nouveau lieu de rencontre avec le Père, son corps va devenir le Temple digne et vrai pour ceux qui l’acceptent.

Selon les différents témoignages des évangiles, nous pouvons imaginer les va-et-vient de Jésus quand il est à Jérusalem : 1) il passe les journées à prêcher, enseigner et guérir les malades au Temple. Il ressent, avec tristesse, l’opposition et la dureté des cœurs des grands du régime en place. 2) Au contraire, le soir il retourne chez ses amis de Béthanie, lieu familier où il se repose et jouit d’une amitié simple, sincère et toute humaine des Lazare, Marthe, Marie et de bien d’autres. 3) Au matin, il part de bonne heure « retrouver le Père »  au Mont des Oliviers, c’est le moment de communion suprême.

A côté de Jésus, les disciples font piètre figure, ils accompagnent Jésus, pressentant que quelque chose va se produire, ils veulent faire tout pour tourner la situation à leur avantage. Ils regardent et essaient de comprendre les choses sans savoir où se situer, oscillant entre la réalisation de leur rêve et la peur.

Aujourd’hui nous fêtons les soixante dix ans de vie religieuse de sœur Benoit et de sœur Thérèse Augustin, et les soixante ans de prêtrise des Pères Laborde Barbanègre, Legendre, Guéret et Fénéon, soit 380 années de service, de fidélité et d’attachement à Jésus…Et tous comme les disciples, je suppose que ce sont 380 années à essayer de comprendre ce qui se passe, ce que je dois faire, est-ce que les évènements me demandent de réagir ? etc. Mais quelque-fois aussi, le sentiment d’avoir été à côté de la plaque, d’avoir trahi la confiance de Jésus déposée en nous, où d’avoir construit son propre royaume au lieu de servir le sien.

Ce matin, tous ensembles nous disons un grand merci pour vos vies données ! Merci pour votre fidélité même si elle a pu être parfois approximative… Aujourd’hui, dans cette Eucharistie, nous communions avec le Seigneur dans ce Merci.

Votre génération a eu une chance extraordinaire, même si cette chance s’est montrée dure et exigeante : ordonnés avant le Concile, vous avez du reviser toute votre manière de vivre le ministère ou la vie religieuse. Missionnaires avant les indépendances, vous êtes devenus, d’un jour à l’autre, des étrangers, ça supposait un nouveau positionnement ; vous êtes passés par les années soixante, troubles et mouvementées ; et vous les sœurs N.D.A., vous avez vécu l’arrachement de vos sœurs africaines pour fonder les congrégations locales. Beaucoup de ces changements, pleins d’espérance en soi, ont été douloureux à vivre.

Et si ça ne suffisait pas, nous ressentons souvent la déchristianisation de l’Europe : lequel ou laquelle parmi nous n’a pas un petit neveu ou une petite nièce qui n’est pas baptisé.

Comme les disciples accompagnant Jésus à Jérusalem, nous aussi, nous avançons à tâtons, accompagnant le Christ au milieu des évènements du présent, avec un sentiment profond que tout ça nous dépasse… Dans votre vie de retraité, il y a aussi les trois aspects de Jésus : 1) la lutte pour que le règne de Dieu se fasse présent, 2) la fraternité, 3) la prière.

Jésus lutte pour que son règne se fasse présent à Jérusalem. Pour vous la lutte d’aujourd’hui, c’est peut être un combat avec vous-mêmes. En vieillissant, tous, nous avons tendance à nous replier sur nous-mêmes, soit par manque de force, soit par peur ou par instinct. Faisons l’effort 1) de rester attentifs aux autres 2) d’être ouverts sur le monde et de le regarder avec optimisme, confiance et espérance. 3) faisons attention à ne pas laisser des paroles blessantes déborder du cœur et sortir de la bouche, 4) soyons animés d’un profond sentiment de gratitude pour ceux qui nous aident à vivre le cap du grand âge, que tout le personnel de cette maison soit présent dans notre prière.

Nous suivons Jésus sur le chemin difficile qu’il trace dans ce monde, et d’une certaine manière, il nous revient de vivre nous aussi, la passion. La première lecture nous dit : « Ne trouvez pas étrange le brasier allumé parmi vous pour vous mettre à l’épreuve, ce qui vous arrive n’a rien d’étrange. Dans la mesure où vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous. »

Un prêtre de votre génération, le Père Hamel a donné sa vie brutalement, victime des contradictions du monde d’aujourd’hui ; mais pour la plupart d’entre nous le don de notre vie se fait dans le lent et progressif processus de dépendance, il ne s’agit pas tant de porter sa croix, c’est le corps lui-même qui devient pesant, qui se fait croix… A la passion, le Christ accepte de vivre la dépendance jusqu’au bout, il n’est plus maître de ce qu’il vit, mais il accepte aussi l’aide des Véronique ou Simon de Cyrène, la présence des femmes et de Jean à ses côtés. Cette ultime fraternité est plus vraie, c’est aussi celle que vous vivez dans cette maison.

L’esprit de famille qui nous anime, c’est un don que nous avons reçu, c’est un trésor qu’il nous faut préserver et qui suppose un effort continuel ; c’est aussi notre manière de témoigner de la foi qui nous anime et nous transforme.

Comment faire encore pour que nos personnes affaiblies et fatiguées soient signes du Christ ressuscité ? Le seul chemin est celui de notre pauvreté offerte, de la confiance en Christ qui marche avec nous, nous accompagne et porte nos pesanteurs. Creusons notre prière dans sa pauvreté pour que cette offrande soit chaque jour plus vraie. Pour le reste, le Seigneur fera de nos vieux plants de vigne noueux des porteurs de nouvelle vie.

Regardons le passé et le présent pour remercier le Seigneur, pour tout ce qui s’est passé dans nos vies ; osons tourner nos regards vers l’avenir pour deviner la présence de Dieu qui guide le monde. Dans la S.M.A. il est facile de reconnaître cette présence dans nos jeunes frères, dans leur enthousiasme et leur désir de continuer le travail missionnaire. Au bout de notre corde usée et élimée continue de se tresser la corde de Brésillac et Planque : son rôle sera probablement un peu différent mais l’important est que cette corde évangélisatrice ne se rompe pas !

 

Après la célébration

Quelques palmes placées dans la salle à manger nous invitent à un repas festif en l’honneur de ceux et celles qui ont travaillé en Afrique.
Chacun devant son assiette découvre une carte d’Afrique avec le menu, le tout placé sur un carton de couleur orné d’un ruban, bel ouvrage de notre animatrice Alison. Au menu : Saumon fumé/citron – paëlla royale au feu de bois – roquefort beurre salé – assiette gourmande – café – champagne… nous nous en léchons les papilles.

Les Père ont également droit à une chanson :

Leur vécu en Afrique, après un riche passé,

Les voilà émigrants à Montferrier…..

Soixante et cinquante ans de vie sacerdotale

Rend la fraternité toujours plus intégrale…..

Missionnaires intégrés et jubilaires fêtés,

Soyez bien connectés sur le Ressuscité…..

A la périphérie, notre communauté,

Souhaite aux jubilaires, un stockage d’amitié. »

Michel Cartatéguy, François du Penhoat et Laurent Oré se répartissent la tâche de résumer et de mettre en valeur la vie de chaque Jubilaire avant de leur remettre un cadeau.

Que dire, que faire de plus, sinon lever notre coupe de champagne à la santé des Jubilaires, de remercier les personnes qui en ce jour nous ont rendu visite ainsi que le personnel qui s’est dépassé pour nous offrir un heureux moment de fête en l’honneur de nos Jubilaires.

 

Jean-Pierre Michaud