Lors des funérailles du Frère André ANDRE : Monique, ancienne volontaire de Guiberoua, au nom de tous les coopérantes et coopérants qui ont travaillé avec le Frère André en Côte d’Ivoire, dépose une lumière sur le cercueil du Frère André.
“Que brille la lumière de la Résurrection du Christ, vainqueur de la mort.”
Homélie de Mgr Cartatéguy :
« Je promets et je jure que je demeurerai dans la Société des Missions Africaines pendant toute ma vie. » Le Frère André prononçait ce serment en 1961 c’est-à-dire il y a 53 ans au 150 à Lyon.
Frère André avait choisi d’être frère en toute liberté, personne ne lui a imposé ce choix. Dès le début de sa formation aux Missions-Africaines à Chanly, ses éducateurs l’avaient bien noté en tout : « Jugement, caractère, piété, discipline, tout est très bon chez lui… » Mais lui-même se rendait compte comme ses formateurs qu’il aurait eu des difficultés intellectuelles pour poursuivre sa formation. C’est pourquoi il avait choisi d’être frère sachant qu’il serait plus épanoui dans le travail manuel au service des Missions en Afrique ou en France. Il l’a d’ailleurs très bien réussi pendant près de 20 ans en Côte d’Ivoire et près de 30 en France.
Comble de l’histoire, il passera près de 18 ans dans le monde scolaire soit comme enseignant soit dans l’administration de la direction diocésaine de l’enseignement catholique. La France reconnaissante, par l’intermédiaire de son Ministre de la Coopération, Robert Galley le fera Chevalier dans l’ordre national du mérite en 1976.
Mais ce choix d’être frère connaîtra pendant toute sa vie des turbulences comme les marins pêcheurs en connaissent en pleine mer. Il sera seul à les combattre intérieurement contre vents et marées avec le secours de Dieu en qui il met toute sa confiance et sa passion à le faire connaître par des attitudes évangéliques telles que la bonté, l’attention et le service des autres.
Dans les moments où il lui semblait que son travail de frère n’était pas reconnu par ses confrères ou par les responsables de l’Eglise locale, il lui venait à l’esprit le désir de reprendre les études pour devenir prêtre ou du moins diacre mais sans en parler ouvertement à ses responsables. Il n’aura pas le temps de les entreprendre car il est sollicité de toute part pour gérer les économats des diocèses de Côte d’Ivoire, de la Province, des maisons et même du Généralat à Rome. Le Régional de Côte d’Ivoire de l’époque, le Père Pierre Trichet, croulé sous les demandes incessantes des Evêques, des Provinciaux et du Général lui dit : « Que se passe-t-il, c’est fou ce qu’on court après toi ! » C’est dire combien son travail était apprécié par tous. Si dans cette maison il y a eu des améliorations dans les conditions d’habitat et de vie, on le doit beaucoup à notre frère qui est resté économe ici pendant plusieurs années.
A travers toute sa vie missionnaire, ses activités, ses difficultés, ses blessures, ses actions de grâce, le Frère André est demeuré fidèle au Christ parce qu’il était le sarment greffé sur le cep de vigne. Il a porté du fruit et du bon fruit parce qu’il demeurait en Christ sachant qu’il ne pourrait pas porter du fruit par lui-même et qui lui était indispensable de demeurer en lui. La fécondité de sa vie missionnaire dépendait de sa proximité avec lui. « Demeurez en moi comme moi en vous. » « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit. » C’est le jour où nous méditions ces paroles, dimanche dernier, que le Seigneur a rappelé le Frère André à Lui et c’est aujourd’hui à nouveau que le même texte nous est proposé par la liturgie de ce jour pour accompagner notre frère à sa dernière demeure.
Cette insistance nous dit que ces paroles nous concernent aussi. Que l’on soit en retraite, en repos ou en activité, que l’on soit prêtre, frère ou sœur, la première des exigences concerne notre relation au Christ. Elle est faite d’un lien vital et profond dans la confiance. C’est uniquement dans une intimité unique avec le Christ que nous pourrons véritablement porter du fruit. C’est par amour que le Frère André s’est engagé comme frère coadjuteur dans notre famille comme on disait en son temps. Sa bonté et sa charité envers chacun de nous et envers tous ceux et celles qui l’ont fréquenté furent les fruits les plus appréciés et les plus précieux de sa relation avec le Christ. Frère, reçois toute notre reconnaissance. Amen.
Michel Cartatéguy.
Conseiller Provincial