C’est un témoignage émouvant et empli de sérénité que nous a donné Pier Luigi Maccalli, sur sa vie d’otage des djihadistes dans le désert. Aucune rancune, aucune envie de vengeance vis-à-vis de ceux qui l’ont enlevé et enchaîné. Ces chaînes qu’il a dû supporter sont devenues pour lui source de liberté comme il l’écrit dans le livre qu’il vient de publier : “Chaînes de liberté – prisonnier au Sahel”
Pourtant, il a subi outrages et insultes de la part de ses geôliers, des gosses de 15 ans à peine, armés de kalachnikov. C’est un long cheminement dans la prière qui l’a amené à redécouvrir le vrai visage de Dieu. Ses bourreaux voulaient absolument qu’il se convertisse à l’islam et le harcelaient quotidiennement avec mépris, lui le mécréant ! Il a demandé une bible, elle lui a été refusée, aucune lecture pour dissiper ces temps d’inaction.
Dieu silence
« Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné », c’est ce cri de Jésus en agonie que Luigi a repris. À son cri répond le silence de Dieu. Silence en lui et hors de lui, silence du désert. Dans ce silence et la détention, il a cheminé pour découvrir un autre visage de Dieu qui souffre avec Lui, ce n’est plus le Dieu guerrier, mais le Dieu amour qui invite à aimer ses ennemis et à leur pardonner. Lui, le missionnaire, habitué à sillonner les pistes pour aller porter la Bonne Nouvelle et soulager les souffrances, il a les pieds liés, comment, alors, être missionnaire ? Immobilisé comme prisonnier, il était libre dans son cœur pour porter, dans la prière, tous ceux qu’il a aimés et ceux qui l’ont fait souffrir.
Deux ans de jeûne eucharistique
Il célébrait chaque jour une eucharistie de désir en reprenant les paroles de consécration. À l’aide d’un bout de toile, il a réalisé un dizainier pour dire son chapelet et se confier à Marie.
Attentif à ceux qui le retenait captif, Il a essayé de nouer des relations, il a appris à l’un d’eux l’écriture et le français. Il a tenté de leur parler de sa vie de missionnaire. Mais pour eux, il représentait l’Occident qui cherche à détruire l’Islam et à les tuer.
Que Dieu nous aide à comprendre que nous sommes frères
Le 20 février 2020, alors qu’il pensait la libération proche, Abdouraman, un des chefs djihadistes lui a demandé pardon pour l’attitude des jeunes qui lui avaient manqué de respect. Luigi lui a pris les deux mains et lui a répondu : « Que Dieu nous aide à comprendre que nous sommes frères ». Mais aussitôt, celui-ci lui a répliqué : « Tu n’es pas mon frère, tu n’es pas musulman ».
Libéré, Pier Luigi, veut consacrer sa vie à témoigner du pardon pour sortir de ce cycle de violence.