Bientôt Noël, le 25 décembre, en hiver, peut-être sous la neige pour certains ou sous la chaleur tropicale pour d’autres. Noël sans neige serait-il encore Noël ?
Nous autres, Européens, imaginons mal la Nativité être fêtée hors de l’hiver : neige, sapin et frimas paraissent indispensables au sens même de ce que nous célébrons. Si l’Eglise a placé cette solennité en plein solstice, c’est pour marquer la naissance de la Vie, au moment précis où le jour reprend ses droits sur la nuit.
Dans une telle perspective, voir Noël fêté en plein été, bonnets rouges surmontant les bikinis sur les plages d’Australie, ça décoiffe ! Et célébrer la Nativité en pleine brousse africaine, par 30°C à l’ombre, semble un monde liturgique à l’envers. Cet étonnement tient à l’enracinement du christianisme dans la culture occidentale : l’Eglise naissante a marqué les expressions de sa foi par des symboles disponibles dans son univers d’origine. Ces symboles, à commencer par l’inscription du temps liturgique dans le cycle des saisons, ne sont pas la foi elle-même : ils ont été choisis pour l’expliciter dans un contexte donné Rien n’empêche donc – grâce à Dieu ! – de fêter Noël en pleine canicule : le sens de la Nativité n’en est pas affecté On peut même aller au-delà de cette noncontradiction et voir, dans ces expressions liturgiques qui nous semblent exotiques, une leçon pour nos propres horizons.
Car l’incarnation de Dieu vient changer l’ordre du monde, bousculer tous nos codes établis.
N’enfermons donc pas sa célébration dans une seule de nos saisons, mais sachons accueillir l’irruption de Dieu à chaque saison de notre vie, ecclésiale et aussi personnelle. C’est Noël !
Père Michel Kubler, assomptionniste
(dans « les cahiers de Prions en Eglise » n° 253)