Avouons-le : il faut un peu de courage pour entrer dans le temps du Carême… Cela semble long, si long, Et puis on s’en fait souvent une idée un peu trop exclusivement austère et pénitente, alors qu’il s’agit d’abord et avant tout d’entrer dans le temps du désir, dans le temps du pas à pas avec le Christ sur son chemin d’amour, de mort et de gloire.
Le mot de chemin est peut-être celui qu’il nous faut garder, au moment de nous engager dans ce temps de grâce et de renouvellement. Un chemin que l’Église, en sa sagesse toute maternelle, balise pour nos pas, en même temps que pour ceux des catéchumènes en marche vers le baptême, de dimanche en dimanche.
La liturgie du mercredi des Cendres nous propose en première lecture, un passage où par la bouche du prophète Joël, le Seigneur nous exhorte à déchirer notre cœur plutôt que notre vêtement. Nous avons là toute l’orientation de la pratique pénitentielle du Carême. Elle ne consiste pas d’abord en des observances extérieures, mais en une attitude intérieure.
Le psaume 50 exprime la démarche pénitentielle qui va marquer tout le carême. Tout d’abord, il révèle l’attitude de Dieu : « ton amour », « ta grande miséricorde » … puis l’attitude de l’homme : « je connais mon péché », « ma faute », « mon offense ». On peut noter ensuite les demandes exprimées par la prière du pécheur : « efface mon péché », « lave-moi », « purifie-moi », « crée en moi », « renouvelle et raffermis », « ne me chasse pas », « ne reprends pas »,
« rends-moi », « ouvre mes lèvres ». Enfin, le pardon et la miséricorde de Dieu ouvrent un avenir : « ma bouche publiera ta louange ». Il s’agit bien de « vivre de la vie nouvelle à l’image de ton Fils ressuscité » (extrait d’une prière avant le rite de l’imposition des Cendres)
Dans l’Ancien Testament, déchirer ses vêtements et se couvrir la tête de cendres est un signe de deuil, de douleur ou de pénitence. (2Sam 1, 2, 13, 19…) Ce geste rappelle l’humilité de la condition de l’homme : “tu es poussière et tu retourneras à la poussière” (Gn 3, 19). Même si les cendres sont imposées sur le front ou sur la tête qui est le siège de l’intelligence et de la pensée, c’est aussi le cœur qui est visé. Les paroles que le célébrant prononce, invitent le croyant à se rappeler sa fragilité, à s’interroger sur sa destinée, à se convertir, c’est-à-dire à remettre sa vie en conformité avec l’Évangile. C’est tout l’enjeu du Carême.
Ce chemin de purification, nous sommes invités à le faire en communion avec les catéchumènes qui seront baptisés dans la nuit pascale. Avec eux, nous accomplissons notre démarche de conversion pour que se ravivent en nous les grâces de notre baptême. Carême c’est le mystère de Pâques, c’est notre salut. Car il s’agit de passer des cendres de notre condition mortelle à la gloire de la condition de fils, dans le Fils vainqueur du tentateur. C’est pourquoi ce temps de pénitence est déjà un temps de joie.
Bon temps de Carême à nous tous
GUVVALA Joseph, district de l’Inde