En vacances, le Père Paul Chataigné nous revient, du Centre Brésillac, où il est en poste depuis maintenant deux ans. Nous lui avons demandé de nous présenter ce Centre et ses activités.
Créé il y a 28 ans
Le Centre Mgr de Brésillac se trouve à Calavi, au Bénin. Il a été créé il y a 28 ans et il a une fonction particulière au sein de la formation des futurs prêtres sma. Les candidats que l’on reçoit dans ce centre sont des jeunes hommes de 22 à 30 ans, qui ont déjà passé, dans leur pays d’origine, trois à quatre ans de formation SMA. Après le baccalauréat, ils ont une année de propédeutique pour une mise à niveau de leurs connaissances générales et ensuite deux à trois ans de philosophie. C’est seulement après ces études de philosophie que tous les candidats de la SMA internationale sont envoyés systématiquement au Centre Brésillac. Pourquoi tous ? Parce qu’ils reçoivent une formation sur l’histoire de la SMA, une réflexion sur leur propre vocation missionnaire et ils se préparent au premier serment qui va les engager pour un an comme membre de la société des Missions Africaines. C’est donc le début d’un nouveau cycle de formation, où ils vont, chaque année, renouveler leur serment de membres temporaires de la SMA, c’est donc quelque chose de très particulier.
La formation qui est donnée au Centre Brésillac vise d’abord à les aider à évaluer s’ils sont vraiment faits pour devenir missionnaire dans la Société des Missions Africaines.
Accompagnement spirituel personnalisé
On les aide, à travers un accompagnement spirituel personnalisé. Chacun d’entre eux doit rencontrer deux fois par mois, un des prêtres formateurs pour réfléchir sur la manière dont il est en train de vivre la préparation à l’envoi en mission. Ils reçoivent des cours spécialisés sur la connaissance de soi-même et de leurs relations. C’est autour du thème de la vie communautaire : comment s’insérer dans une communauté, et surtout une communauté internationale. Ils viennent, chaque année, du monde entier, ils sont une trentaine de candidats. Ils arrivent principalement de pays Africains et de l’Inde, très peu d’Europe et d’Amérique du Nord, on attend pour les années à venir un ou deux des Philippines. Les formateurs sont aussi internationaux, il y a actuellement deux Ivoiriens, un Indien et un Français. C’est donc une communauté très internationale.
Importance de l’internationalité
Pour bien souligner, l’importance de cette internationalité, on pratique deux langues en permanence tout au long des neuf mois de formation. Les trois premiers jours de la semaine, par exemple seront en français et les trois jours suivants, ce sera l’anglais pour tous les secteurs d’activité : les cours, la prière seront systématiquement dans l’une des langues pendant trois jours et dans l’autre les jours suivants. La plupart des candidats sont francophones ou anglophones, on les a habitués à parler dans l’autre langue qu’ils ne connaissent pas, mais là, ils auront à les pratiquer quotidiennement. On leur donne encore des cours de suivi pour développer la langue qu’ils maîtrisent moins bien. L’idée est toujours à s’adapter à des milieux culturels différents de leur milieu d’origine parce qu’ils peuvent être envoyer dans n’importe quel pays d’Afrique, et non seulement pays d’Afrique mais auprès d’Africains vivant en dehors d’Afrique, certains d’entre eux vont travailler parmi les migrants, soit en Europe, soit en Amérique.
Enseignement sur la SMA
L’enseignement donné par les Pères de la communauté porte essentiellement sur la SMA, son histoire, les Constitutions, l’organisation etc. Nous faisons très souvent appel à des intervenants extérieurs, par exemple les supérieurs des Régions dans lesquelles nous sommes en Afrique, les supérieurs des différentes entités des pays du Nord, mais surtout les différents supérieurs des districts en formation. Ce sont de pour la plupart de jeunes missionnaires sma.
Envoyé pour l’accompagnement spirituel
J’ai été envoyé au Centre Brésillac pour l’accompagnement spirituel et comme enseignement, j’assure, l’histoire de la SMA, j’assure aussi des cours de français pour les anglophones qui en ont besoin. Je participe à toute la vie communautaire, je rends aussi quelques services paroissiaux à l’extérieur pour les paroisses qui nous demandent de l’aide. J’assure aussi l’enseignement sur l’histoire de l’évangélisation auprès de deux groupes de novices, la congrégation internationale des petites sœurs des pauvres et une congrégation béninoise, fondée par un de nos Pères, il y a cinquante ans, les oblates catéchistes petites servantes des pauvres (OCPSP).
Travail passionnant
C’est ma deuxième année à Calavi, j’apprécie beaucoup le sérieux de la formation qui est donnée et l’engagement aussi bien des formateurs que des candidats. Les candidats sont très divers, venant de différentes origines, ils sont très motivés pour recevoir la formation qu’on leur donne parce qu’ils veulent sincèrement et sérieusement devenir des missionnaires sma. Ils savent qu’au terme de l’année on va donner une évaluation sur leur comportement, sur leur connaissance sur leur manière de vivre déjà la vocation SMA. Ce travail est passionnant quand on le fait avec des gens motivés comme eux. En effet, on n’a pas à exercer la discipline autoritaire, on travaille déjà dans un esprit fraternel, ce ne sont pas des jeunes au sens de jeunes étudiants, ce sont déjà des adultes de 23 à 30 ans. Ils savent qu’ils engagent leur vie et c’est sur ces bases là que nous travaillons dans une relation fraternelle de futurs compagnons de mission.
Qualité artistique
Je prends l’exemple de la liturgie, chaque année, on reçoit de nouveaux candidats et donc on ne sait jamais quelle qualité musicale ou qualité artistique vont avoir ceux qui arrivent. Or chaque fois, il y a des gens qui sont compétents pour jouer de l’orgue électronique ou pour jouer de la guitare, faire des panneaux illustrés. Nos frères indiens ont de réelles qualités artistiques, c’est un indien qui s’occupe de la décoration florale de la chapelle par exemple, il a un goût remarquable dans ce domaine-là. L’an passé, nous avions les grands danseurs parmi les indiens, les africains sont de bons danseurs, mais les danses indiennes sont particulières, elles sont très codifiées, c’est vraiment fascinant de les voir danser. Cela pour dire que chacun vient avec ses talents et les partage, et c’est un enrichissement pour la communauté.
Intervenants extérieurs
Concernant la formation, on fait beaucoup appel à des intervenants extérieurs pour parler de leur compétence pour ouvrir les jeunes à la variété des activités missionnaires afin de développer leur capacité à s’intéresser à beaucoup de sujets. Par exemple, cette année, nous avons eu une dame du voisinage qui est venue parler des relations prêtres et laïcs, hommes et femmes avec des exemples très concrets de la vie paroissiale. Elle a parlé sur la manière de se conduire et d’interpréter aussi l’attitude féminine par rapport à l’attitude masculine dans les relations paroissiales etc. Une religieuse est venu parler des vœux de pauvreté, chasteté et obéissance.
Élevages et plantations
Dans notre Centre, nous avons beaucoup d’activités d’ordre matériel. Nous avons l’élevage de lapins, de poules, de moutons, de porcs qui procède à la vie économique de la maison et ce sont les séminaristes qui en sont chargés à tour de rôle afin que chacun expérimente ces différentes activités. Cela peut les aider à vivre quand ils seront en mission. Nous avons aussi de belles plantations qui produisent et que nos aînés ont planté, ce sont des cocotiers, des palmiers à huile mais aussi des plantations d’ananas. Les heures de travail manuel tiennent une place importante dans la formation comme l’entretien de la propriété et la production agricole. Tout cela fait partie de leur formation.
Auprès des personnes âgées et des handicapés
Avec les Petites Sœurs des Pauvres, une fois par an, ils vont offrir leur service dans une maison de personnes âgées, soit pour des travaux d’entretien, soit même pour rencontrer les personnes âgées et les aider dans leur vie quotidienne comme leur donner à manger, les accompagner.
Les séminaristes vont plusieurs fois dans l’année passer une journée avec les personnes handicapées mentales au Foyer créé par le fameux Grégoire.
Le dimanche, au Centre, nous avons développé une qualité de la liturgie que l’on veut expérimenter d’abord chez nous.
Découvrir une culture différente
Pour Noël, ils vont passer deux semaines surtout au nord du Bénin dans diverses paroisses, chez des missionnaires ou des diocésains. Ils vont vivre une semaine avec des gens dont ils ne parlent pas la langue et vont partager leur vie, leur repas, apprendre à communiquer et ainsi découvrir une culture différente de la leur.
Encore une année
De mon côté, j’ai 75 ans et j’arrive aux limites de mes forces, surtout que cette année a été très rude à cause d’une température très élevée. Le climat du sud Bénin est à la fois très humide et très chaud, c’est éprouvant. Je pense retourner au Centre encore une année avant de rentrer définitivement en France.
Propos recueillis par Gérard Sagnol, sma