Premiers reportages

Voici le récit de mes premiers pas au Bénin. Cela fait plusieurs jours que je suis arrivé et je n’ai pas chômé même si j’ai perdu beaucoup de temps avec de multiples tentatives de connexions soient trop lentes ou bien interrompues brutalement. Quand on a été habitué au haut débit, il est difficile de supporter un « haut débit frelaté ».

J’emploie volontairement cette expression car elle me fait penser aux produits pétroliers vendus sur le bord de la route et qui encrassent le moteur. Essence, huile, pétrole venus du Nigeria en fraude. C’est une des principales économies parallèles du Bénin. Ceux qui sont à la tête de ce trafics sont souvent de riches fonctionnaires. Mais ce sont les petites gens qui prennent le risque de mourir brûler vif dans le transport et la vente de ces produits. Ces trafiquants se sont réunis en association de fournisseurs de « produits pétroliers frelatés » sic !

Dimanche, j’ai eu la joie d’accompagner Bernardin, sma béninois, chargé de l’animation missionnaire et de la promotion de la SMA. Nous sommes allés célébrer une messe en pleine brousse à 10 km à peine de la banlieue de Cotonou. Vous avez une ville qui explose et s’étend d’une façon tentaculaire jusqu’à absorber Calavi. Pour faire les dix derniers kilomètres de piste après une belle double voie toute neuve, nous avons été bien secoués à cause des nombreux trous provoqués par le passage de gros camion sous la pluie. Nous sommes dans la période de la petite saison des pluies mais elle a tout d’une grande avec de fortes précipitations. Un camion, en panne nous a barré la piste, nous avons du nous aventurer dans les hautes herbes au risque de se prendre une souche malicieuse.
Ce fut une messe fort sympathique dans un semblant de chapelle de brousse en taules, face à un monstrueux legba cornu (divinité de village). Messe rythmée par les chants et les tam-tams. Au cours de cette messe, il y a eu trois quêtes dont deux à la fin au rythme de la danse. Au cours de la troisième, pour la construction de la future église, les porteurs de billets étaient vantés et applaudis par la communauté. Il est beaucoup question de piété et d’argent dans l’Église de Cotonou. Dans les paroisses, il y a de nombreux lieux de dévotion à des saints spécialisés pour les situations particulières, il y a naturellement des troncs. Certaines paroisses sont plus riches et convoitées par un certain clergé. Cela créée des clans et des rivalités. Il est vrai que l’on prie beaucoup, est-ce un reproche ? Oui dans la mesure où l’on ne remet pas en cause sa façon de vivre pour changer le milieu.
Il est vrai que l’on pourrait croire aux miracles permanents en voyant ces essaims de mobylettes qui bourdonnent sur les route et zigzaguent entre les voitures. Malheureusement, les accidents sont fréquents et il n’y a aucune prise de conscience sur l’amélioration de la sécurité routière. Le fatalisme domine et je ne crois pas que ce soit la foi.
Le pape est attendu dans ce pays et l’on s’active autour des églises pour les embellir. De grands posters de Benoît XVI ornent les murs des paroisses. Ce sera un grand événement et les gens en sont fiers, c’est la troisième fois qu’un pape vient dans ce pays (http://www.papeaubenin.org ). J’espère qu’il n’occultera pas les événements douloureux qui ont secoué cette Église. Les chrétiens ne savent pas trop pourquoi il y a eu ces démissions alors que l’on fêtait les 150 ans de l’Église du Bénin, ils subodorent un problème financier, une course au pouvoir saupoudrée de jalousie. 150 ans, c’est jeune pour une Église, c’est sans doute la crise d’adolescence pour que celle-ci puisse trouver son autonomie et sa propre expression de foi (inculturation) . Les vocations dans le sud ne manquent pas, maintenant, cela devient un problème pour l’évêque de placer ses prêtres.
En ce moment, je suis à Sainte Bakita pour accompagner Claude Templé dans son centre d’apprentissage pour les jeunes en difficulté. J’irai ensuite dans notre maison de formation spirituelle, le Centre Brésillac. Je passerai quelques jours pour capter des images et des témoignages.
Je ne sais pas encore si je pourrai vous envoyer ce message, je me suis pourtant équipé d’une clé 3G pour une connexion par le téléphone mobile, c’est un peu plus stable mais de débit bien faible du moins à la maison régionale. En fait, à la paroisse, mon signal est trop faible, je ne peux même pas voir mes messages. C’est donc du Centre, plus proche d’un relais pour mobile, que je vais tenter de vous faire parvenir ce message.
Merci à tous pour vos messages d’encouragement. Je suis touché, et j’ai beaucoup de joie à revoir mes amis malgré ces longues années de distance.

J’ai réussi à grand peine à télécharger les toutes premières photos que vous pourrez voir sur l’album
Amitiés à vous tous