Un pèlerinage à Fatima

Il y eut un soir, il y eut un matin

Il y eut un soir, un soir d’une année académique qui s’achève progressivement, et où je sentis la lourdeur m’habiter, je me sentis vider de mes énergies aussi bien physiques que spirituelles. Alors au cours d’une soirée de méditation avant les vêpres, je me retrouvai face à ces deux versets :

« Vers le matin, pendant qu’il faisait encore très sombre, il se leva, et sortit pour aller dans un lieu désert, où il pria » (Mc1, 35).

« Quand il les eut congédiés, il s’en alla dans la montagne, pour prier » (Mc 6,46).

Ces deux versets, qui relatent des moments forts de la vie de Jésus, sonna fort dans ma tête. Ils m’indiquaient ainsi ce que je devrais faire pour me ressourcer spirituellement. Comme le 13 Mai, fête de Notre Dame de Fatima, pointait à l’horizon, l’idée m’est alors venu « d’aller au désert » à Fatima pour prier avec la Vierge que j’aime beaucoup. C’est ainsi que je fis mes réservations et le 6 Mai au crépuscule, je débarque à Fatima pour une aventure dont j’ignorais le contenu.

Tout ce que je savais, c’est que j’allais faire une expérience d’échange avec Dieu à travers Notre Dame de Fatima. Pour moi aller à Fatima, c’est aller au désert pour faire l’expérience de Dieu. Car le désert comme la montagne dans la Bible, c’est le lieu de rencontre avec Dieu, lieu d’un tête-à-tête avec Dieu. Et le peuple d’Israël en a fait l’expérience tout comme Jésus pendant ses heures difficiles.

Pour rappel, le 13 Mai, l’Église catholique célèbre la fête de Notre-Dame de Fatima, en commémoration des apparitions mariales qui ont eu lieu en 1917 à Fatima, au Portugal. La Vierge Marie est apparue à trois jeunes bergers, Lucie dos Santos et ses cousins, François et Jacinthe Marto, leur délivrant des messages qui soulignaient l’importance de la prière, de la pénitence et de la conversion pour atteindre la paix mondiale et le salut des âmes.

Le désert du serviteur contemporain

Fatima comme mon lieu de désert ou ma montagne. En effet, ce lieu m’a permis de faire une expérience de rencontre unique ; une expérience pas comme les autres parce qu’elle était alimentée par l’expérience mariale de Lucie dos Santos et ses cousins François et Jacinthe Marto. C’est une semaine où j’ai laissé tout ce qui est académique : la révision de mes cours, ma zone de confort pour répondre à un appel crucial celui d’aller prier avec la Vierge pour moi-même, pour mes confrères, mes frères et sœurs, mes amis, mes fils et filles spirituelles et pour la paix dans le monde, puisque dans le monde, les foyers de tension se multiplient. C’est aussi une réponse à l’appel de Notre Dame de Fatima qui demande de prier pour la paix dans le monde. Ce fut pour moi une semaine sur les traces de la spiritualité de Lucie : cette semaine a été marquée par les messes matinales à la chapelle des apparitions, par le chemin de croix de Lucie qui commence de Fatima à Aljustrel, son village natal, ensuite le rosaire avec la procession au flambeau tous les soir à partir de 21h30. L’apothéose fut la messe du 13 Mai qui commença à 10h avec une fine pluie et qui rassembla de millier de pèlerins venus de partout. L’une des activités très importantes qui m’a le plus marqué, c’est le chemin de pénitence de Lucie qui se fait individuellement et où on récite le rosaire à genou sur une distance qui fait approximativement un kilomètre. Ce chemin de pénitence se termine par le tour de la chapelle des apparitions. C’est lourd comme pénitence, mais ça libère du poids de nos péchés, ça rend léger, ça console et ça régénère.

La fête de Notre-Dame de Fatima nous rappelle la puissance de la prière et la nécessité de la paix et de la conversion personnelle et collective. En ces temps troublés, les enseignements de Fatima nous encouragent à nous tourner vers Marie, comme guide vers son Fils Jésus et comme modèle de pureté et de spiritualité profonde. Ce besoin de prière pour la conversion personnelle et collective, pour la paix dans le monde m’a conduit au désert de Fatima. Je suis revenu à Lyon consolé et tout heureux et je vous recommande ces moments de désert. Je termine avec cette phrase de Dorothée que j’aime bien : « A mesure en effet que l’âme progresse, elle se fortifie et devient capable de supporter tout ce qui lui arrive » Saint Dorothée de Gaza. Il y eut un matin et ce fut le matin d’un nouveau départ rempli d’énergies positives pour les activités d’Eté.

Cyrille HOUENOU,sma